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G20 agricole et régulation des marchés La CR, la CP et « Peuples solidaires » prennent part au débat (mise à jour le 21 juin)

A quelques jours du G20 agricole des 22 et 23 juin prochains et après le G120 organisé par la Fnsea et JA, les syndicats minoritaires défendent leur modèle de régulation des marchés agricoles. La CR précisant que le combat contre la volatilité des marchés ne peut être envisagé aux dépens de prix rémunérateurs. À Bruxelles, des organisations d’agriculteurs de 60 pays d’Afrique, d'Amérique, d’Asie et d’Europe ont adopté une déclaration conjointe soulignant que la politique commerciale ne peut pas déterminer les politiques agricoles nationales.

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Philippe Collin, porte parolde de la CP asssociée
à « Peuples solidaires ». (© Terre-net Média)

A Paris, Nicolas Sakozy, président de la République, définissait aux 500 invités du forum des agriculteurs du monde sur le défi alimentaire, organisé par la Fnsea et JA, le 16 juin dernier, les différents axes de l’action de la France au G20 des 22 et 23 juin prochains avec comme mots clés : transparence, volatilité, prix.

Ainsi, le président déclarait : « Il est temps que l'impératif de transparence s'applique aux marchés agricoles. »

A propos des marchés dérivés : « Je souhaite que les engagements qui ont été pris par les pays du G20 pour améliorer le fonctionnement des marchés dérivés, et en particulier des marchés dérivés pétroliers, puissent être étendus aux marchés dérivés agricoles. Ce que nous avons fait pour les marchés dérivés pétroliers, y-a-t-il une raison, un argument pour que nous refusions de le faire pour les marchés dérivés des produits agricoles ? »

«C'est un enjeu essentiel car le volume de ces transactions sur les marchés agricoles a augmenté de façon inédite ces dernières années, en même temps qu'augmentait la distance entre la réalité des marchés physiques et celle des marchés dérivés financiers. »

Enfin, traitant de la volatilité des marchés, le président de la République a déclaré : «Dans la perspective du G20 qui se réunira à Cannes, la France prépare un plan d'action pour réduire la volatilité des prix agricoles, et poser les fondements d'une agriculture productive et durable, capable de nourrir en 2050 toute la population mondiale. »

 


Nicolas Sarkozy, président de la République (© Terre-net Média)
Ces thèmes sont repris dans les différents discours des organisations proches de la Confédération paysanne mais les moyens proposés relèvent davantage d’une réforme du fonctionnement de l’économie de marché.

 

Selon Coordination Sud et d’autres organisations associées à Peuples solidaires, « le G20 agricole doit s’inscrire dans le cadre d’une politique internationale conduite à l’Onu ou sous son égide» (1).

Et « il est de la responsabilité de la France, qui a joué un rôle actif dans la réforme du Comité de la sécurité alimentaire mondiale (Csa) et l’émergence d’un Partenariat mondial pour l’agriculture et la sécurité alimentaire, de s’assurer que les débats et décisions du G20 s’inscrivent dans ce cadre de travail. »

La politique commerciale ne doit pas déterminer les politiques agricoles nationales

À la veille de la conférence des ministres de l’Agriculture du G20, des organisations d’agriculteurs de 60 pays d’Afrique, des Amériques, d’Asie et d’Europe réunies par le Copa Cogeca ont adopté à Bruxelles une déclararation conjointe soulignant qu’il ne faut que la politique commerciale détermine les politiques agricoles nationales et qu’elle ignore les considérations non marchandes, ce qui est/serait contraire aux engagements pris dans le cadre du Cycle d’Uruguay1.
Les regroupements d’agriculteurs exhortent leurs dirigeants politiques à tenir compte des principes fondamentaux suivants lors de la négociation d’accords commerciaux :

  • tous les pays doivent avoir le droit de produire pour leur consommation intérieure afin d’améliorer leur autosuffisance alimentaire et d’assurer leur sécurité alimentaire, y compris le recours à des mesures tarifaires ;
  • les règles commerciales doivent tenir compte des mesures politiques, y compris la gestion de l’offre, qui promeuvent la stabilité de l’approvisionnement et des prix des denrées alimentaires ;
  • le renforcement des capacités et le traitement spécial ou différencié accordé aux pays en développement doivent permettre à ces derniers de répondre aux véritables préoccupations des petits agriculteurs, plus vulnérables, et dont les ressources sont modestes ;
  • tous les pays devraient avoir le droit de respecter les préoccupations non commerciales de leurs citoyens, y compris la sécurité alimentaire, l’environnement, le bien-être des animaux et les besoins des zones rurales, de manière à promouvoir une agriculture durable et à contribuer à la lutte contre les changements climatiques ainsi qu’à la protection de la biodiversité.
Citons par exemple la nécessité « d’organiser les politiques commerciales et de stockage pour satisfaire en priorité les besoins alimentaires ». Et l’encadrement des marchés agricoles physiques et financiers devra conduire, toujours selon Coordination Sud à «encadrer strictement les marchés agricoles physiques et financiers ». Enfin, le G20 doit être une occasion pour dénoncer l’accaparement des terres agricoles et pour soutenir l’agriculture familiale et paysanne et les politiques publiques agricoles.

Pour une Pac permettant
la vérité des prix

 « Plutôt que de gesticuler au G20, la France devrait d’abord balayer devant sa porte et porter vers l’UE autre chose qu’une Pac dérégulée qui alimente l’instabilité des prix sur le marché mondial », a déclaré pour sa part la Coordination rurale et l’Opg dans un communiqué commun. « La voie à suivre est celle d’une Pac permettant une vérité des prix agricoles, couvrant les coûts de production et permettant à tous les agriculteurs européens de vivre dignement de leur travail ». Or dans un « discours bien trompeur », le président de la République « vient de faire, en tant que Président du G20, de la baisse des prix son cheval de bataille », ont ajouté les deux organisations.

Ce sont probablement ces propos du président de la République, qui a fait réagir la CR, lorsqu’il affirmait le 14 juin dernier  à Bruxelles, en tenant son discours à la conférence de la Commission européenne sur les matières premières qu' «on s'est donné beaucoup de mal pour retrouver une croissance mondiale, cette croissance mondiale est menacée par la hausse des prix des matières premières».

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